J'ai
commencé à connaître cet amphithéâtre de pierres il y a
maintenant plus de quinze ans. Son histoire taurine était déjà
bien chargée, et que dire alors de son "Histoire" plus que
millénaire....
Certainement
pas grand-chose à côté de ce que des voix autorisées ont qualifié
comme étant la course du siècle, la course de tous les temps à ne
pas manquer ! Et beaucoup d'entre nous l'ont manqué, doit-on en
pleurer ?
Le
Dimanche 16 septembre de l'an de grâce 2012 en la Plaza de Toros de
Bugarach... ou plutôt de Nîmes pardon, José Tomás (sobresaliente
de Dieu sur terre nous dit-on) a affronté seul six toros terribles,
rugeux, armés comme des hordes Perses, et indomptables.
José
Tomás affronta en réalité ce jour-là six toros d'élevages
différents mais tous du même mono-encaste, nobles et faibles à
divers degrés, sans rien d'extraordinaire. Ah si, l'un d'entre eux,
porteur du fer de Parladé, fut gracié, et sauvé de la fin du monde
par José Tomás de Bugarach, non de Galapagar !
Il
paraît que cette course – et je n'invente rien – serait la seule
valable de toute l'année 2012. Quand j'étais petit, j'ignorais que
l'arène romaine de Nîmes serait témoin d'une telle chose...
Nîmes,
arène de première avec des toros de troisième, a vu en fait à
cette occasion une corrida dans la lignée de beaucoup d'autres,
symbolisant l'apogée de la corrida torerista. Je n'étais pas à
Nîmes le 16 septembre, il est possible que José Tomás ait fait
démonstration d'un toreo exceptionnel, mais dans quelle adversité ?
En
revanche, je suis à peu près certain que les revendeurs et les
cafetiers aient triomphé ce jour-là, et que la cavalerie Heyral
soit sortie de l'évènement sans grands dommages.
L'année
2012 touche à sa fin, et c'est donc là la seule chose que l'on
aimerait nous faire retenir au niveau des toros ? Allons !
Et
dire que quelques mois plus tôt dans ces mêmes arènes, Javier
Castaño a réalisé quelque chose de peut-être beaucoup plus
périlleux. Mais Castaño connut la réussite, et marquera la saison
2012 grâce à de nombreuses et sérieuses prestations.
L'Association
des Critiques Taurins de France section Sud-Est a attribué son prix
au triomphateur de la saison 2012 à José Tomás, alors que ce
dernier n'a effectué qu'une seule corrida en France et dans cette
région ! Merveilleux.
On
aurait aussi pu penser à José María Manzanares, beau gosse qui se
soucie peu de l'habit de lumières et du respect de la profession. On
dit qu'exporter la tauromachie dans des domaines autres, la mode par
exemple, est une excellente chose. Doit-on absolument tout cautionner
? Doit-on accepter qu'un type travestisse l'habit de lumières en
l'utilisant à des fins érotico-débiles ? Sur des photos récentes,
on voit Manzanares demi-nu avec l'habit de lumières, on le croirait
dans l'attente d'un film pour adultes, tandis que dans les arènes il
n'affronte que des toros pour enfants, chicos, terciados,
anovillados, ce que vous voulez.
Quelle
saveur ont ses sorties par la Porte du Prince de Séville ?
Sur
une échelle, il y aurait en haut José Tomás, Manzanares, et
quelques autres... Alors que l'on laisserait dans l'ombre tant
d'autres en dépit de leur courage et de leurs efforts.
Les
sorties en triomphe de Manzanares ont-elles autant d'authenticité
que les envols de Vicente Yangüez "El Chano", pour poser
les banderilles dans le berceau des cornes, et en sortir sereinement.
Notre très cher El Chano qui a été brisé durant cette temporada,
ce qui nous a donné énormément de peine vu le nombre de souvenirs
mémorables offerts par cet homme.
Je
pense aussi à Domingo Navarro, le banderillero qui a décidé de
mettre fin à sa carrière car estimant avoir perdu l'illusion. Un
grand torero lui aussi, vêtu d'argent, et auteur de coups de cape à
la fois discrets, salvateurs et magiques dans les ruedos de la
planète taurine. Cela appartient au passé, puisque Domingo a pris
cette difficile et inattendue décision.
Il
n'y aurait donc pas seulement José Tomás et quelques vedettes en
mesure de marquer la saison 2012 !
El
Fundi et Antonio Barrera ont également mis un terme à leurs longues
et belles carrières. Julien Lescarret aussi a cessé de porter
l'habit de lumières, et il aura cette année tout donné à chacun
de ses contrats, offrant à l'occasion de bonnes surprises.
Juan
José Padilla est revenu de l'enfer pour triompher, une habitude pour
ce personnage hors du commun.
Le
meilleur pour la fin et pour l'avenir, un trio Fernando Robleño,
Javier Castaño, Iván Fandiño. Et des toros que l'on aime tant,
Cuadri, Escolar, Valdellán, Prieto de la Cal, Veiga Teixeira,
Fernando Palha... et tant d'autres.
Si
l'on devait établir une liste des élevages, des matadors et des
novilleros que l'on aimerait voir plus souvent, ce serait long !
Saluons les petites arènes, qui ne doivent pas être écrasées par
l'événementiel, et qui d'ailleurs, parviennent très bien à vivre
sans. Enfin, un gros carton rouge à la municipalité de Collioure
qui a laissé sa ville sans toros cette année, la dernière fois,
c'était en 1948.
Florent