Je garderai toujours
l'image de ce ciel entièrement bleu en allant à Alès pour assister
à une corrida étant gamin, c'était au printemps 1998. Un ciel
bleu, comme éternel. Tout était parfait, que d'insouciance, la
France allait être championne du monde, et puis on ne pensait même
pas aux années qui allaient défiler. Éternelle, c'est ainsi que
l'on rêve la jeunesse.
D'un point de vue au
figuré, le ciel n'est plus aussi bleu au-dessus d'Alès. Il faut
dire qu'avec la décision du Conseil constitutionnel du 21 septembre
2012 relative à la corrida, notre passion commune, une chose était
certaine : Les anti-taurins ne s'arrêteraient certainement pas dans
leur combat qu'ils trouvent juste, nécessaire, indispensable, moral
et j'en passe...
Après avoir essuyé des
échecs sur à peu près tous les fronts existants, voilà qu'ils
tentent désormais de s'attaquer à la tauromachie au niveau local.
Ces dernières semaines, on entend beaucoup parler d'Alès et des
remous inhérents à la célébration de corridas dans cette ville
des Cévennes, parallèlement à la nomination d'un nouvel
organisateur.
C'est donc Alès et ses
arènes dites du "Tempéras" qui sont les victimes des
agitateurs, de la médiatisation excessive et des propos
outrageusement fielleux envers la corrida et ses passionnés.
Plus le temps avance,
plus on a l'impression que l'opposition à la corrida est un rôle
agréable pour beaucoup qui ne tenteront pas de la connaître et
d'ouvrir la première page. Etre contre la corrida aujourd'hui, c'est
endosser le maillot du citoyen branché, suffisamment
anti-conformiste, un minimum protestataire, ne serait-ce que pour
faire semblant. En fait, on nous ressert un énième discours à la
mode.
Le pire dans tout cela,
ce ne sont peut-être pas les protestations des anti-corridas
auxquelles nous sommes habitués, mais bien la position d'un homme en
vue des élections municipales de 2014. Mais comment peut-on utiliser la
corrida comme argument électoral et en faire un enjeu politique ?
Dans beaucoup d'endroits, on nous dit qu'il faut en finir avec la
corrida car elle génère trop de dépenses. Il faudrait signaler aux
titulaires de ce postulat que l'économie de la corrida est quelque
chose de très résiduel dans un pays comme la France.
Certains veulent faire de
notre passion un thème national, d'une importance capitale, pour
tenter de la sacrifier aux yeux de tous. Mais tant qu'il y aura des
aficionados, ils auront bien du fil à retordre.
En parlant de statut
d'anti-conformiste, à la banalité confondante, je relevais ce
propos chez le candidat évoqué plus haut : "La société a évoluée depuis 1989 et la première
Féria d'Alès, le regard des français comme des Alésiens sur la
corrida a changé". En plus d'être affublée d'une faute
d'orthographe, cette phrase ne veut strictement rien dire, et je suis
presque désolé d'un tel constat ! La vacuité est en présence, et
l'on aimerait demander sur quelles études s'appuie une telle
affirmation.
Le ciel n'est donc plus
aussi bleu au-dessus de la ville taurine d'Alès, elle est comme
prisonnière de discours à la mode, sans fond, avec au-delà les
carcans désormais inévitables imposés par des médias médiocres.
Eux aussi anti-conformistes de façade.
L'un des autres
postulats en présence, c'est affirmer qu'Alès ne possède pas de tradition
taurine ! Ignorance pure.
Pour ceux qui ne seraient
pas réfractaires à la lecture, il suffirait de parcourir le livre
"Histoire taurine d'Alès" de Philippe Lavastre (qui a
également réalisé le livre sur la tauromachie à Vichy).
Dans la petite arène
ovale d'Alès, un jour pluvieux du printemps de l'année 1990, les
toros du Curé de Valverde ont débarqué avec leur toute puissance.
Parmi bon nombre de corridas notables, celles du Curé de Valverde
suffisent pour caractériser un manifeste de la tradition taurine
d'Alès.
Ainsi, en plus d'avoir une
tradition taurine affirmée, les arènes d'Alès ont un caractère, fort et
presque montagnard, il faut dire que les Cévennes sont voisines.
Là-bas, tant de toros fiers et puissants, et tant de maestros
téméraires sont passés. Pendant que les premiers vendaient
chèrement leur peau et les seconds se jouaient la vie dans la
solitude sonore de l'arène, peut-être qu'il y avait déjà un début
de cacophonie avec des bruits protestaires. Ces bruits n'ont pas été
entendus, car la vérité et la réalité de l'arène sont ailleurs,
comme dans un monde à part. Il en sera certainement de même pour
les futures courses à Alès. D'ici là, espérons que le ciel entièrement bleu revienne enfin. On le souhaiterait éternel.
Florent
P.S : Avant une corrida
de la feria d'Alès 2004, des anti-taurins se sont jetés au centre
de l'arène, pour s'enchaîner... avec des enfants comme boucliers.
Triste époque.