La télévision n'est pas
vraiment le meilleur angle pour "assister" à une corrida.
Néanmoins, elle permet de se faire une idée, même minimale. Et
c'est déjà ça, surtout en plein hiver !
Ce 7 février, dans les
arènes couvertes de Valdemorillo (Madrid), c'était la première
novillada avec picadors de l'année en Europe. A l'affiche, du bétail
de Prieto de la Cal, un élevage qui connaît une grande sympathie
auprès de l'afición.
La rareté du sang
Veragua qui coule dans les veines de ces toros y est aussi pour
quelque chose. Et puis, des "Prietos", on en a beaucoup de
souvenirs vifs, avec de beaux et âpres combattants marqués du "A"
sur la cuisse.
En revanche, l'élevage a
connu l'an dernier deux cuisantes sorties en France, avec les
corridas d'Alès et d'Aire-sur-l'Adour.
Malgré tout, cette
ganadería est assez sollicitée de l'autre côté des Pyrénées en
ce début de saison, puisqu'elle fournira une autre novillada le 24
mars à Castellón.
Chez le toro de Prieto de
la Cal, l'aficionado recherche avant tout sa présence singulière en
piste, sa puissance et sa combativité. Au cours de sorties
relativement récentes, des toros de cet élevage ont démontré
toutes ces vertus, parfois couronnées d'une belle bravoure, voire
même d'une bonne dose de sauvagerie ! De cette catégorie-là, on en
vit ces dernières années à Arles, à Céret, à
Saint-Martin-de-Crau, et à Cenicientos notamment. Il s'agit du côté
pile.
Cependant, le côté face
n'est pas très réjouissant. Car pas mal de fois aussi, les
pensionnaires de Prieto de la Cal ont démontré des signes beaucoup
moins enthousiasmants. Faiblesse, manque de caste, têtes dans les
nuages et gueules ouvertes, en refusant et en snobant le combat.
Hier à Valdemorillo, les
novillos de Prieto de la Cal – dont quatre des sept étaient nés
en mars 2010 (donc proches de l'âge adulte) – ont démontré une
réelle fragilité au cours de leurs combats. Fragilité, au niveau
des forces comme au moral.
Avec sept rencontres à
la pique, et une caste parfois absente, on était loin de l'image
attendue des pensionnaires de cet élevage. La course commença mal,
avec un premier novillo fortement piqué et qui se décomposa très
vite, puis un deuxième qui s'avéra complètement décasté.
C'est au troisième que
la course reprit un poil de couleurs, puisque ce Prieto en question
possédait du genio.
Mais la note la plus
positive de cette novillada vint avec les combats des quatrième et
cinquième novillos. Le quatrième tout d'abord, de nom "Lucero",
exigeant et encasté, et qui déborda César Valencia. Ensuite, le
cinquième, "Rompedor", au beau pelage jabonero claro, qui
après avoir montré d'inquiétants signes de faiblesse en début de
parcours, se récupéra et démontra un bon fond.
Curieusement, le sixième
titulaire, "Aguardentero", se blessa aux vertèbres
exactement comme son congénère huit mois plus tôt à
Aire-sur-l'Adour. La même distance à la sortie du toril, et la même
accélération fatale. Toutefois, "Aguardentero" fut
raccompagné aux corrales au bout de longues minutes par une meute de
cabestros, à l'inverse d'Alondro, le beau berrendo en castaño
d'Aire-sur-l'Adour...
Enfin, le sixième bis
fut noble et juste de forces.
En résumé, un ensemble
pour le moins hétéroclite.
Si ce lot de Valdemorillo
n'inspirait rien d'extraordinaire, il fut quand même meilleur que
ce qu'ont rapporté les reseñas incendiaires des sites taurins
espagnols de "premier plan".
Face à ces Prietos, les
novilleros ont écouté le silence en six occasions. Une chose à la
fois étonnante et inquiétante, car les novillos ne posaient
généralement pas de problèmes insurmontables, malgré leurs
défauts de forces ou de caste.
Par ailleurs, trois des
six novillos ne furent pas du tout mis en suerte au cheval, dont deux
à l'actif (ou plutôt au passif) du vénézuélien César Valencia.
Il n'y eut en outre pas grand-chose à dire à propos des trois
novilleros du jour : César Valencia, Daniel Crespo et José Antonio
Carreiro.
En regardant de plus près
les dernières sorties des Prieto de la Cal, on remarque que c'est à
cinq ans qu'ils livrent leurs meilleurs sorties. Et s'il existe un
archétype de toro qui doit sortir âgé et fier de ses cinq herbes,
c'est bien celui de Prieto de la Cal. Les dernières temporadas nous l'ont
montré.
Florent