Sur son sable gris plomb,
Bilbao doit sa réputation au toro qu'elle a l'habitude de présenter.
Sans refaire l'histoire de ces arènes, c'est bien sur cet élément-là
que l'identité a été bâtie. Le toro de Bilbao et du Nord de
l'Espagne.
Les arènes de Vista
Alegre, 15.000 places, font tout de même partie des cinq ou six
arènes les plus importantes d'Espagne, avec Madrid, Séville,
Saragosse, Pamplona et Valencia. Mais les 15.000 sièges bleus
semblent de plus en plus compliqués à remplir.
La présentation des
toros y reste sérieuse, supérieure à plein d'autres arènes, et il
n'y a pas de soucis à se faire en la matière. Mais à l'heure
actuelle, hormis la couleur du sable, la pluie légère habituelle,
et les banderilles en tissu qui possèdent même leur site internet,
on a du mal à cerner l'identité de Bilbao. Tous ces éléments-là
sont par ailleurs secondaires, situés loin de l'essentiel, et ils
inquiètent. Pendant des années, avec sa rigueur au moment de
concéder les trophées, le président Matías González a masqué
les carences de sa plaza, et de son public facile.
Car Bilbao est une arène
de troisième tiers, où chaque toro ira réglementairement deux fois
(ni plus ni moins) à la pique, sans que l'on puisse réellement
apprécier ce moment du combat. Tout est axé sur les faenas.
Cette année, si vous
êtes à la recherche de nouveauté et d'originalité, ce n'est
surtout pas à Bilbao qu'il faut se rendre. Sur le papier, c'est
peut-être l'une des ferias les plus conformistes de l'année. Déjà
au niveau ganadero pour commencer, et également en ce qui concerne
les matadors, puisqu'à part Juan del Alamo ou José Garrido, on ne
remarque que très peu de noms jeunes. Il est vrai que Bilbao a cette
année fait l'effort de mettre une novillada pour un après-midi de
début de feria, mais est-ce suffisant ? Aller à Bilbao cette année,
c'est par exemple voir Morante de la Puebla face à des Juan Pedro
Domecq, El Juli face à des Garcigrande, Talavante face à des
Bañuelos. Des choses rares ! Elles sont probablement un
argument marketing permettant de réaliser de bonnes entrées, mais
elles ont du mal à attirer l'aficionado en quête de renouveau. Ces
corridas-là donnent même à peine envie de les suivre sur écran
pour se faire une idée...
De l'identité torista
qui est pourtant la sienne, Bilbao a une fois de plus concentré cet
aspect sur une seule corrida en 2015, en reprogrammant en clôture
les toros de Victorino Martín. Pour une arène historiquement située
dans le créneau des "toros-toros", cela
fait bien peu, même si l'élevage d'Alcurrucén (lui aussi présent
à l'affiche) peut toujours réserver des surprises.
On a au
final l'impression que Bilbao reconduit les mêmes choix d'année en
année, et qu'elle aura du mal à en sortir. Côté toros, le nom de
Juan Luis Fraile avait été murmuré il y a deux ou trois ans, sans
suite, alors que cet élevage a connu de grandes heures sur ce sable
gris.
Que dire
aussi des toros de Dolores Aguirre, curieusement absents en ces
lieux, alors que la ganadera disparue en 2013 était originaire de la
région. Mettre cet élevage en guise d'hommage n'a apparemment
effleuré l'esprit de personne.
Bilbao
semble se contenter de choisir ses toreros, et d'axer sa feria sur
eux. Et les toros, seulement après...
Florent
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