Ce 20 octobre 2016
restera une date très importante pour la tauromachie en Espagne. Ne
serait-ce que pour son rapport à la société et au droit. Avec sa
décision, le Tribunal Constitutionnel empêche à l'avenir toute
région d'interdire la tauromachie sur son territoire, puisque cette
activité est de ressort exclusif de l'État. C'est ce que l'on
pouvait pressentir il y a quinze jours.
Et puis, surtout, c'est
le contre-pied à ceux qui voyaient en la loi d'interdiction de 2010
en Catalogne le "début de la fin" pour la corrida. Ce 20
octobre a apporté la preuve du contraire.
Il y a plusieurs
enseignements à tirer de cette décision. Notamment : si cette
décision est primordiale, elle n'est que la moitié du chemin avant
un retour effectif de la corrida en Catalogne. Ce 20 octobre 2016 est
un jour important. Mais le jour historique, ce sera l'après-midi où
les toros attendront dans les chiqueros et les toreros dans le patio
de caballos.
Enfin, il ne faut pas
oublier qu'en 2011, une seule arène était encore active en
Catalogne : la Monumental de Barcelone. Le résultat d'un réel
déclin pour la tauromachie dans cette région. La corrida avait pu y
bénéficier il y a quelques décennies d'un public touristique,
chose qui n'était désormais plus le cas. C'est d'ailleurs dans ce
contexte de fragilité que les antis-corridas sont parvenus à se
frayer un chemin.
Et puis, l'absence de
véritable feria à Barcelone avait aussi plombé la fréquentation
de la Monumental. Avec des corridas isolées le dimanche, sans rien
autour, c'était difficile de faire une bonne entrée ou de remplir
la plaza... à moins d'annoncer José Tomás.
Ne pas oublier non plus
le recul de certaines empresas dans cette région, avec en quelque
sorte l'abandon de plusieurs arènes. Le manque de sérieux dans
l'organisation des corridas, parmi tant d'autres éléments, a aussi
contribué au déclin.
On ne sait pas encore si
un de ces jours la corrida reviendra pour de bon en Catalogne, que ce
soit à Barcelone, Olot, Tarragone, Figueres... ou dans une portative
qu'un maire d'une petite commune aura autorisé à monter. L'autre
moitié du chemin reste à faire. Un chemin délicat mais
parfaitement légal depuis aujourd'hui.
Quant à Barcelone, c'est
une arène de première. Et si par bonheur elle est amenée à
célébrer de nouveau des corridas, elle devra être digne de sa
catégorie. Pour (re)commencer, le plus beau des symboles serait
peut-être de reconduire le trio de toreros de la dernière corrida,
le 25 septembre 2011, pour conjurer le sort et parce que ce cartel a
une histoire : Juan Mora, José Tomás et Serafín Marín. Et
surtout, pour dire que ce n'était pas le début de la fin...
Florent