L'aficionado est souvent pessimiste par
nature. Pas dans les faits, parce qu'il se rend encore aux arènes,
et ce malgré qu'il lui arrive parfois de jurer, à propos de
certaines affiches, qu'on ne l'y reprendra plus. Le pessimisme se
situe avant tout dans le discours, ce qui n'a là rien de nouveau.
Et l'on doit absolument se souvenir
d'une époque pas si lointaine, où l'on dressait des constats
alarmistes à tous les niveaux. Notamment : qui comme lidiador du
futur ? Qui pour succéder à Esplá, à El Fundi et consorts ? Qui
pour s'imposer devant les corridas dites "dures" ?
Cela fait un petit moment, ne serait-ce
que depuis l'an dernier, que l'on remarque qu'il existe bon nombre de
toreros aptes à s'imposer face à des corridas de tempérament. De
là à faire une carrière de longue durée en la matière, c'est une
autre question, mais il y a un vrai potentiel à l'heure actuelle au
sein d'une génération fournie.
Parmi eux, un nom qui semble
incontournable en ce début de saison 2018 : Octavio Chacón. Un
matador avec une présence en piste, et du pouvoir face au toro.
Lidiador solide. L'an dernier, à Vic-Fezensac, face à un toro de
Dolores Aguirre, il proposa une lidia parfaite, dès l'entame à la
cape, dans la façon de mener le toro à la pique et de diriger
ensuite le combat. Sûrement l'une des lidias les plus abouties de sa
saison, marquée par la régularité.
On voit chez Chacón en plus des
qualités techniques une capacité à s'adapter, et à faire
ressortir beaucoup de force de chaque combat.
Et pourtant, il y a quelques saisons à
peine, il était condamné à l'anonymat des petites arènes. Ce jour
où il a fait le paseo à Vic, en juin 2017, cela faisait quinze ans
qu'il n'avait plus toréé dans le Sud-Ouest. Une novillada en 2002 à
Saint-Sever. Une éternité.
Mais surtout un beau signe face au
pessimisme, et quand on croit que tout est foutu. Ce qui n'est pas le
cas.
On regardera donc avec attention cette
nouvelle saison importante pour Octavio Chacón, mais également pour
d'autres toreros capables de briller dans le même créneau.
Florent
(Photo de Niko Darracq :
Octavio Chacón aux arènes d'Orthez)