
Assis en bord de mer, devant la caméra
de l'émission Face au Toril, Esplá évoquait un jour les couleurs
de l'arène. Il se définissait comme un torero méditerranéen. Se
dégageaient de ses paroles son âme d'artiste, son inspiration, qui
hors de l'arène et de ses combats face aux toros les plus
redoutables, se retrouvaient également sur ses tableaux, pas mal
d'entre eux faisant par ailleurs office d'affiches de corridas.
À
propos des habits de lumières qu'il portait, Luis Francisco Esplá
disait qu'il veillait à arborer des couleurs qui ne viendraient pas
rompre l'harmonie du cercle de sable. La Méditerranée, les toros,
l'arène.

Et pourtant, chez Luis Francisco Esplá,
il n'y a jamais rien eu de superficiel. Le côté roublard n'a en
rien empêché la sincérité et les graves coups de corne.
Dans ses dernières années comme
matador, Esplá s'était tout d'abord fait soulever à Béziers par
un vieux toro de Valdefresno, largement armé, mais le maestro était
resté debout jusqu'à la fin du combat malgré des côtes cassées.


Esplá, c'est une famille de toreros,
d'Alicante. Et le 3 septembre dernier, pour la première novillada de
la prestigieuse feria de Calasparra, débutait avec picadors un
certain Santiago Esplá. Il est le fils de Juan Antonio Esplá,
également matador, et frère de Luis Francisco.
Le fils de Luis Francisco, Alejandro
Esplá, a toréé lui aussi, a même pris l'alternative, mais cela
n'a pas fonctionné.
Pourtant, ce Santiago Esplá, inédit,
et que l'on découvrait à Calasparra, est celui qui rappelle le plus
son illustre oncle. Dans le costume déjà, le bleu Méditerranée
très chargé en motifs d'or.
Malgré un manque de métier logique,
Santiago Esplá brilla banderilles en mains, dignes de l'héritage
familial. Poder a poder, al sesgo por dentro, entre autres,
une anthologie du tiers de banderilles.
Il faudra donner d'autres chances à ce
garçon qui tente de faire carrière. Pas seulement par nostalgie,
et parce qu'il ne s'agit pas de singer dans l'arène ce qu'a pu y
faire pendant plusieurs décennies Luis Francisco Esplá, mais parce
que cette esthétique, cette façon de combattre les toros, et cette
éthique, sont remarquables.
Florent