Florent
(Photo : David Mora face à un José Escolar Gil en 2009)
La page de 2009 se tourne, laissant sa place à une nouvelle décennie. Pour ma part, si je ne devais garder qu'un seul souvenir de l'année écoulée, ce serait celui de Clavel Blanco de María Luisa. Ce grand toro nous a démontré qu'à l'heure actuelle, la tauromachie était encore vivante et possible en trois tiers complets. Ce jour de septembre 2009 en Arles, j'ai eu l'impression d'assister à ce qui serait l'équivalent en boxe d'un combat de la catégorie Super Lourds, alors que de manière générale et banalisée, la corrida se résume bien souvent à un spectacle où l'on voit des animaux de la catégorie "poids plume" dont on s'est soigneusement occupé en arrière-salle. Ainsi, la corrida doit connaître une réelle évolution ces prochaines années. Non pas en modifiant ses principes où en essayant de la protéger maladroitement en la classant au patrimoine de l'UNESCO ou autres, mais en soignant rigoureusement sa forme classique et en la rendant défendable le plus possible.
L'heure est peut-être venue d'en finir avec la "corrida Canal Plus" que certains ont découvert il y a maintenant une quinzaine d'années. Par ailleurs, la création ou même la récupération d'une association d'aficionados en France devrait être envisagée. Car actuellement, il n'y a plus de groupe défendant la tauromachie issu des aficionados qui payent leur place. Celles qui existent sont commandées par des personnes compromises dans le milieu. Il faut donc autre chose. En France, une grosse trentaine d'arènes célèbrent chaque année des spectacles taurins avec picadors. La tâche qu'est l'évolution de la tauromachie devrait alors être possible de ce côté des Pyrénées puisque le nombre de courses n'est pas exorbitant. C'est à nous aficionados d'exiger partout en France des courses dignes, où chaque lendemain dans la presse spécialisée figurerait la mention "toros bien présentés". Là est l'évolution principale qu'il faut apporter, en présentant chaque après-midi des taureaux de combat dignes du nom, que ce soit à Palavas, à Nîmes, Céret ou Mont-de-Marsan. Il faut pointer du doigt les dérives qui ont sévi dernièrement et qui font parfois malheureusement de la corrida un spectacle trivial et indéfendable.
Aussi, les aficionados doivent exiger une tauromachie en trois tiers où l'on ne minimise pas l'importance de la pique. Encore faut-il que les taureaux supportent cette lidia complète pourront me rétorquer certains. Simplement, il existe sur l'ensemble des campos français et espagnols suffisamment de lots aptes à une tauromachie en trois tiers et qui pourront combler la soixante de corridas et la quarantaine de novilladas qui ont lieu chaque année en France. Dernièrement, l'aficionado paye en général assez cher sa place pour la qualité du spectacle proposé. C'est pour cela qu'il est essentiel d'avoir à chaque course des lidias complètes afin que celui qui a payé sa place en ait pour son argent mais avant tout pour son afición. C'est grâce à l'aficionado que la tauromachie peut encore vivre, il est ainsi en droit d'exiger un spectacle digne où avant d'avoir vu le comportement du bétail, il aura au moins été satisfait par le déroulement de la course et par la présentation des taureaux.
C'est cette évolution qu'il faut donner à la tauromachie en France. Avant de vouloir classer quelque part cette chose que nous aimons et qui est inclassable car elle est unique, il faut peut-être passer un grand coup de balai devant la porte. Et si les organisateurs jouent le jeu, tout cela est possible.
Heureuse année 2010 à tous, et bonne temporada !
Florent