Dans
un passé relativement récent, on a connu des pensionnaires de
Robert Margé bien plus âpres qu'ils ne le sont désormais.
Avec
des toros similaires à la majorité des six envoyés cette année à
Mont-de-Marsan, Robert Margé pourrait voir la demande augmenter, et
faire de l'élevage son activité principale. Quatre de ses six
exemplaires du Moun étaient de "bons toros" comme on les
qualifie dans le jargon professionnel-taurin. Des toros toréables,
des toros à triomphe, pour plaire aux vedettes.
Il
y a une semaine, ses toros ont été combattus dans un contexte
festif, puisque c'est toujours le cas lorsqu'il est question d'une
alternative. Aussi, c'était le retour de Padilla à Mont-de-Marsan,
une arène qui l'a vu éclore.
Mathieu
Guillon a pris l'alternative à 18 heures 18, et n'a pas été à la
hauteur du noble toro d'alternative liquidé d'un bajonazo.
D'ailleurs, il y en eut bien d'autres des bajonazos durant cet
après-midi. Les lidias ont été très moyennes. Plutôt lointain,
Ponce a toréé avec sa technique qui pourrait lui permettre bien
plus, et Padilla a récolté un triomphe généreux qui n'était
cependant pas déplaisant à voir.
C'est
la première fois que je revoyais Padilla depuis sa terrible et
cruelle blessure. Cyclone devenu Cyclope si l'on veut, on sent en le
voyant simplement qu'il est un homme qui a "morflé"
physiquement parlant. Il a coupé les deux oreilles du troisième
Margé de la course, après une faena d'un registre populaire et bon
enfant. Le public était ainsi tout acquis à la cause de cet homme
qui s'est relevé.
Mathieu
Guillon prenait l'alternative. Depuis maintenant plus d'un an, beaucoup de voix
se sont élevées pour lui déconseiller. On peut toutefois
comprendre son choix et son rêve de s'ajouter à la liste des
matadors de toros français. Il n'en tua qu'un.
L'an
dernier, Guillon a beaucoup toréé en tant que novillero dans les
arènes d'Espagne, et aussi de France. Il était par ailleurs le
novillero comptant le plus de contrats en 2011 dans notre pays. Après
maintes prestations en demi-teinte voire décevantes, il lui a
parfois été conseillé de ne pas aller plus loin. De novillero, il
a toréé quasiment partout en France, mais n'a jamais traîné ses
guêtres à Vic-Fezensac, Céret, Orthez ou Parentis-en-Born.
A
domicile, à Mont-de-Marsan, il a reçu vers 18 heures 30 l'ovation
au nouveau matador, à l'issue de son premier combat, dédié à ses
proches présents aux premiers rangs de l'ombre. Lorsque sonna le
deuxième avis au dernier toro de la corrida, on apercevait un vide à
cet endroit des gradins. Du béton abandonné et humide de larmes.
Le
sixième Margé était noble et fort toréable, mais finit
désintéressé après une accumulation interminable de passes sur le
voyage. Un, puis deux, puis trois avis. Le Margé n'a pas eu la mort
de taureau de combat qu'il méritait, et a regagné le toril pour un
coup de fusil. Aucun sifflet n'a accompagné l'échec de Guillon. A
la place, un silence blessant d'indifférence. C'était cruel.
Guillon est parti tête baissée, et ce n'est pas être un oracle de
prétendre qu'une telle issue était écrite d'avance. Ainsi est la
tauromachie, belle et cruelle.
Florent
(Image
: La Une de Sud-Ouest, édition Mont-de-Marsan, du vendredi 20
juillet 2012)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire