Morante de la Puebla le 2 novembre à Aguascalientes (Photo de Joaquín Arjona pour Aplausos) |
Les moments majeurs de la
saison sont écoulés, les toros de guerre sont morts, les toreros
vaillants ont rangé – temporairement – leurs armes, et les
vedettes sont ailleurs. Parmi elles, il y a l'incontournable Morante
de la Puebla.
Ce dernier est peut-être
actuellement l'un des toreros qui suscitent le plus l'émotion et la
fascination parmi tous les types de publics pouvant remplir les
arènes. Et d'ailleurs, c'est une bonne chose que la tauromachie
puisse préserver ses multiples aspects mystiques.
La semaine dernière,
Morante de la Puebla étrennait sa saison taurine américaine. A
l'heure où l'aficionado européen trouve d'autres distractions, les
courses de taureaux battent leur plein sur le Nouveau continent.
Il est par ailleurs
intéressant de suivre la saison taurine d'Amérique latine, avec des
pays (Mexique, Colombie, Équateur, Pérou, Venezuela) ayant fourni
bien des toreros intéressants venus se jouer la couenne de l'autre
côté de l'Atlantique, chez nous. Et la liste des hommes valeureux
serait longue à établir. En outre, la tauromachie d'Amérique
latine révèle de bien belles histoires, avec parmi les plus
récentes, celle du miraculé Juan Luis Silis qui eut l'immédiate
visite de Padilla dès son arrivée au Mexique.
Morante de la Puebla le 3 novembre à Mexico (Photo : Emilio Mendez pour le site www.suertematador.com) |
En ce
moment, les vedettes de la tauromachie font l'Amérique, un peu comme
jadis les Charlots faisaient l'Espagne. Quel dommage de voir Morante
de la Puebla s'immiscer dans des courses à l'allure grotesque. Tout
d'abord à Aguascalientes le 2 novembre où il entendit cinq avis et
des broncas, puis à la Monumental de Mexico le lendemain. Les images
des adversaires de piètre gabarit parlent d'elles-mêmes.
En juin 2012 à Alicante,
Morante avait saisi une paire de lunettes pour la montrer
ostensiblement au président qui venait de lui refuser un trophée.
Aujourd'hui, on pourrait montrer les mêmes paires de lunettes à
Morante, et lui conseiller de les faire voir à ses veedors, et à
ceux qui s'affairent pour lui en coulisses.
Alors certes, on dira
éternellement qu'Antonio Bienvenida est mort face à une vache de
tienta en 1975, que Paquirri a été mortellement blessé par un toro
modeste de 420 kilos en 1984. Certes, tout cornu de sang brave peut
provoquer le drame.
Mais cela ne saurait
justifier les corridas imprésentables que l'on voit chaque année en
Europe... et aussi en Amérique.
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El Juli le 25 octobre à Juriquilla (Mexique) (photo : Emilio Mendez) |
En allant de l'autre côté de l'Atlantique, les vedettes donnent l'impression d'effectuer une
saison-basse, un peu comme un grand club de football ferait des
matches amicaux. Or, une "corrida de toros" annoncée en
ces termes n'a rien d'un match amical, quel que soit l'endroit. La
vérité et l'authenticité doivent y régner.
Voir Morante affronter de
tels animaux, cela brise quand même le mythe.
Mais le pire, c'est que
les vedettes se contentent toujours de la même adversité. Toujours
du calcul, et la recherche du cornu le plus toréable, le plus
collaborateur. Leur évoquer un toro qui combat du début jusqu'à la
fin ferait froncer des sourcils. Cette logique de carrière, c'est du
"gagne-petit".
En définitive,
l'aficionado assidu aura toujours plus de respect pour le matador
valeureux n'ayant jamais le choix de ses adversaires. Des adversaires
qui bien souvent sont des toros de premier plan.
Florent