On assimile souvent le
terme triomphe à un grand coup d'éclat, vif et marquant. Mais le
triomphe peut aussi connaître des aspects péjoratifs, et parfois
même dériver vers une fanfarronnade.
On a vu hier, pour la
novillada-concours d'Aire-sur-l'Adour, un triomphe d'un tout autre
type. Un triomphe humble et sobre.
A la fin de la course,
Juan Agudo, dans son habit bordeaux et or, s'est avancé en piste
pour recevoir le prix au meilleur picador de l'après-midi.
Dans ce contexte, qui
était celui d'un concours, avec tout ce que cela comporte, Juan
Agudo a été le triomphateur. Depuis plusieurs années, on l'avait
déjà vu à l'oeuvre en d'autres endroits, face à des élevages qui
ont pour réputation d'envoyer du bois lors du premier tiers.
Dans la vie de tous les
jours, Juan Agudo est mayoral chez Raso de Portillo, tout près de
Valladolid. Hier, lors de la novillada-concours, c'est un novillo de
cet élevage (le quatrième de la course) qu'il eut à piquer.
La scène aurait bien pu
se passer là-bas, dans l'arène de tienta de Raso de Portillo, sans
témoins (ou très peu) pour la voir et l'admirer. Le novillo,
porteur du numéro 7 sur le flanc, ne possédait pas cette caste vive
que l'on avait pu découvrir avec de nombreux novillos de ce fer il y
a quelques années à Parentis.
Charpenté et plutôt
bien présenté, ce novillo-là n'était pas d'une grande caste,
puisqu'il se décomposa au cours du combat, mais eut néanmoins la
qualité de répondre aux sollicitations lors du premier tiers.
Sur la piste aturine, le
Raso de Portillo a rencontré son mayoral, un orfèvre picador. Juan
Agudo dégage une humilité impressionnante dans l'arène. Ses piques ne
sont ni trop appuyées ni des simulacres. Elles ressemblent en fait
aux dessins théoriques figurant dans les manuels explicatifs de
tauromachie. Des choses que l'on retrouve rarement dans l'arène,
déjà que le métier de picador n'est pas évident.
Hier, on a vu Juan Agudo
manier sa monture avec dextérité, et calme. Qu'importe la mise en
suerte de la cuadrilla, bonne ou mauvaise, qu'importe aussi la
distance de départ du novillo. Pas un seul geste brusque, pas un
seul cri agressif envers l'animal pour le citer.
Citer quatre fois, piquer
quatre fois. Les quatre au bon endroit...
Florent
(Image de Gascoun e toros : Le picador Juan Antonio Agudo)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire