Quand sortirent tour à
tour les novillos de José Escolar Gil hier à Hagetmau, l'ennui
s'amplifiait. Typés Buendía, fades, sosos, vides... et dotés pour
la majorité de cornes délabrées. Le meilleur du lot fut le
quatrième, noble, mais il n'était même pas regardable à cause de
ses armures.
Dans ce désert, on se
serait presque pris à rêver d'un écran de contrôle, en ayant un
œil ici et là sur les courses qui se déroulaient ailleurs au même
moment. C'est le charme du mois d'août, celui où il faut faire des
choix. Mais l'écran de contrôle avec images en direct de chaque
course n'existe pas et n'est que pure fantaisie. D'ailleurs, il
aurait dû mal à retranscrire l'émotion et les sensations vécues
dans une arène.
A Azpeitia, il y avait
des toros de Pedraza de Yeltes, dont la présence monumentale et la
régularité donnent envie de les suivre et d'aller les voir. Dans
les montagnes vertes du Nord de l'Espagne, à Tudanca, en Cantabrie,
il y avait une course dont seuls le paysage et le climat de la région
vaudraient le détour. Et à Bayonne, une corrida pour la clôture
des fêtes de la ville, avec des toros de Montalvo, et un sobrero de
Pedrés, dont il existe une image compromettante, incongrue, et qui
était arrivée par hasard et comme un cheveu sur la soupe sur
internet plus tôt dans l'année. Mais n'étant pas à Bayonne hier,
ni même à Azpeitia ou à Tudanca, il m'est impossible d'évoquer le
contenu de ces courses.
De Bayonne, on apprendra
dans la soirée qu'un toro de Montalvo a sauté dans le callejón,
blessant deux personnes. Une chose qui figure au premier plan des
accidents évitables dans une arène. Surtout à Bayonne, où les
abris à l'intérieur du callejón, en béton, en font la
contre-piste la plus sécurisée de France. Mais les accidents
surviennent toujours au moment où on ne les attend pas.
Autre chose surprenante,
parmi les deux personnes blessées et dont on espère qu'elles se
rétabliront rapidement, l'une des deux était atteinte de
difficultés dans ses déplacements.
Cela rappelle une fois de
plus qu'en callejón (qui paraît-il était moins rempli que
d'habitude hier à Bayonne), c'est l'attention et la vigilance qui
doivent régner en premier lieu. Ne pas perdre la piste et le toro
des yeux y est une règle d'or, comme celle de se mettre aux abris à
l'entrée d'un toro sur le sable.
Il y a six ans, le 23
août 2009, à Carcassonne, l'image de la blessure de l'alguazil
Christian Baile, dans le callejón de la portative, avait été
effrayante. Sous nos yeux, à trois mètres cinquante de distance, le
novillo de Miura avait sauté deux fois, ne ratant jamais sa cible.
Un bruit terrible dans un couloir de fer, et deux séquences
tellement brutales qu'elles ne semblaient même plus appartenir au
monde réel. L'angoisse concernant l'état de santé de Christian
Baile avait été forte les semaines suivant la novillada. Mon pire
souvenir en vingt ans passés aux arènes. Je m'étais dit alors que
plus jamais des accidents similaires ne pourraient arriver...
Florent
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