Feues les arènes du
Barcarès. La Méditerranée à 300 mètres à peine de ce terrain
vague. En arrivant au Barcarès, on emprunte un long boulevard jonché
de pins et surtout de campings, puisqu'il s'agit ici d'une zone très
touristique. Ce n'est cependant pas le plus bel endroit des
Pyrénées-Orientales, loin de là. La côte avec davantage de
reliefs, située un peu plus au Sud du département, c'est quand même
autre chose !
Il y a donc ce terrain
vague, occupé chaque été par une fête foraine, et cette porte au
milieu de nulle part, devant laquelle chacun passe indifférent. Il y
a peu de temps encore, l'inscription "ARÈNES"
figurait sur cette porte, mais elle a été recouverte et n'apparaît
plus. Près des graviers et du pin parasol solitaire, on se demande
bien à quoi peut servir la grille au milieu de la porte, puisqu'il
n'y a absolument rien, ni d'un côté ni de l'autre. Curieux.
Au Barcarès, il y a eu
des toros sur ce terrain-là. Une histoire taurine courte, débutée
en 1984 par une novillada de Miura (tout de même !), et qui s'est
achevée onze ans plus tard. Le fait marquant de ces arènes
portatives qui restaient en place toute l'année, il eut lieu en
1991, bien qu'il ait depuis été complètement oublié. 15 août
1991 donc, novillada avec picadors de Los Majadales (propriété de
la famille Tabernero) pour Cayetano de Julia, Luis Delgado et "El
Macareno" (qui est en fait Antonio
Barrera, âgé de seulement 15 ans à ce moment-là). Des amis m'ont
souvent fait état de l'anecdote qui va suivre.
Au moment du tiers de
piques, le quatrième novillo de la course, destiné à Cayetano de
Julia, profite de l'entrée du picador pour s'échapper des arènes.
Heureusement, il y a ce grand portail toujours là aujourd'hui, et un
grillage séparant l'enceinte de l'arène de la fête foraine. C'est
tout de même une brave panique qui prend place dans les parages, le
novillo malmenant tout le personnel se situant à l'extérieur des
arènes, dont la cavalerie d'Alain Bonijol, qui en est à ses toutes
premières temporadas à la tête de sa cuadra. En présence d'un cas
de force majeure, pour résoudre la situation et éviter un drame,
c'est alors un forain qui intervient en dernier ressort, et a raison
du novillo avec une carabine 22 long rifle. De façon symbolique,
deux oreilles lui sont remises.
Il y a peu de temps,
l'aficionado et caméraman Alain Garres, qui filmait la course ce
jour-là, me racontait être passé récemment un été au Barcarès.
Il y avait vu le fameux forain, triomphateur d'un jour, et qui
possède encore un manège à cet endroit-là.
Pour nous aficionados, il
est préférable qu'un tel événement se soit produit il y a 25 ans
plutôt que maintenant. A l'heure actuelle, les BFMTV et consorts se
seraient nourris d'un tel "fait divers"
afin de faire grimper l'audience. Il faut dire qu'au niveau
tauromachique, les seules possibilités de médiatisation sont le
débat pour ou contre la corrida, ou bien les drames et les faits
cocasses.
Au Barcarès, cela fait
un bon moment qu'on ne court plus de toros. Il reste le terrain
vague, cette porte et ce pin parasol.
Florent
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire