
Beaucoup de toreros possèdent un lien
particulier avec la France. Triomphes ou dates clés de leur
carrière. En nombre d'arènes pourtant, et en proportion, la France
ne représente qu'une région taurine d'Espagne.
Pour Diego Urdiales, ce lien, c'est
l'alternative, prise le 15 août 1999 à Dax. Paco Ojeda comme
parrain, Manuel Díaz "El Cordobés" comme témoin, et des
toros de Diego Puerta. Il y a vingt ans.
Cette corrida, Urdiales ne devait
d'ailleurs pas la toréer, car il remplaçait ce jour-là Guillermo
Marín, forfait, et qui lui-même devait prendre l'alternative.
Cela faisait déjà un moment en 99 que
Diego Urdiales était dans le circuit, puisque dix ans auparavant, en
89 à Floirac, et âgé de quatorze ans à peine, il toréait en
novillada sans picadors, et se faisait annoncer "Diego de
Arnedo" sur les affiches.
Dax, peut-être, songera à fêter les
vingt ans d'alternative de Diego Urdiales. Il n'a, pour autant,
jamais entretenu une grande histoire avec ces arènes, car il n'y a
toréé que cinq fois depuis son alternative. Un succès face aux
toros de Victorino Martín, et un autre nuancé devant une corrida de
Pedraza de Yeltes (trois avis à son premier toro et deux oreilles à
l'autre).
Carrière atypique de Diego Urdiales,
qui torée peu. Sept corridas seulement en 2018.
Torero de La Rioja, il avait gagné le
prestigieux Zapato de Oro chez lui à Arnedo en 1998. Quand on
retrace sa carrière, on remarque que trois arènes l'ont aidé à se
maintenir et à garder l'illusion pendant des années. Les trois
principales arènes de sa région : Arnedo, Alfaro et Logroño. Car
Urdiales a déclaré récemment qu'il avait failli arrêter sa
carrière. En 2006, par exemple, il n'avait participé à aucune
corrida.

Austère, c'est un torero que l'on n'a
pas toujours vu au mieux. Parfois poissard, parfois flemmard dans les
corridas dures, et se plaignant aussi d'être privé d'opportunités
par un système lui barrant la route.
Pourtant, il est resté au service de
la tauromachie, en se préoccupant même du futur, puisqu'il suit de
très près le prometteur Tomás Campos, jeune matador qui est son
protégé.
L'avantage d'Urdiales, qui a déjà 43
ans, c'est que l'on ne peut pas accuser les empresas de l'avoir
surprogrammé. Et l'on ne peut pas non plus dire qu'il est un torero
que l'a trop vu.
Il a su se faire rare. Et c'est
certainement de Bilbao que sa carrière est repartie de l'avant. Une
plaza où pourtant il n'est guère évident d'obtenir deux oreilles à
un même toro.
Mais elle semble être sa plaza de
prédilection des dernières saisons.

En 2010, il avait même été appelé à
trois heures de l'après-midi pour y remplacer au pied levé Miguel
Ángel Perera ! Diego Urdiales
avait assuré la substitution avec panache, lui qui avait ce jour-là
dû s'habiller en vitesse... dans l'infirmerie !
Mais
Bilbao, pour lui, c'est avant tout un triple triomphe face à trois
corridas d'Alcurrucén. Trois oreilles en 2015, deux oreilles en
2016, et trois oreilles en 2018. Trois sorties en triomphe en quatre
ans.
Et le fait que l'immense Curro Romero
lui ait affiché son soutien a également permis de lui donner
espoir. Car Curro Romero a affirmé que parmi les toreros en
activité, Diego Urdiales était celui qui lui rappelait le plus son
concept quand il toréait encore, lui donnant ainsi l'envie de se
déplacer aux arènes. Un tel compliment, ce n'est pas rien !
En 2018, si Diego Urdiales a peu toréé,
c'était à chaque fois pour des grands soirs. La consécration de sa
carrière, ce fut cette corrida du mois d'octobre à Madrid, pour une
feria d'automne qui avait été composée par le biais d'un tirage au
sort !

Les toros étaient de Fuente Ymbro, et
ceux destinés à Urdiales s'appelaient Retama et Hurón. Cela
soufflait fort en début de course sur Las Ventas. Cela obligea Diego
Urdiales à toréer avec patience et à des endroits précis de
l'arène, moins exposés au vent. La torería, le classicisme, le
relâchement, l'inspiration et une grande épée firent le reste. Une
puis deux oreilles.
Et quand la grande porte s'ouvrit, sur
la calle Alcalá, il faisait nuit, car c'est une norme des corridas
de fin de saison. Pour Diego Urdiales, qui aurait pu mettre un terme
à sa carrière quelques saisons auparavant, il n'était pas vain
d'avoir attendu.
Florent