Pour se rendre d'une feria à une
autre, comme de Céret à Mont-de-Marsan, les moyens sont multiples
et en constante évolution.
En train, c'est jouable, à condition
de se lever tôt pour ne pas rater la corrida du soir. Choisir au
hasard une gare des Pyrénées-Orientales : Collioure tiens, puis
changer à Narbonne, prendre jusqu'à Bordeaux un train Corail, et
ensuite un TER entre Bordeaux et Mont-de-Marsan, où les arènes sont
en contrebas de la gare. Trois trains au total. 6 heures
approximatives de trajet... sans compter le temps d'attente entre
chaque correspondance.
Au passage, Collioure est aussi un
endroit tauromachique d'importance, car il y a eu des arènes durant
près d'un demi-siècle sur le quai de la gare, jusqu'en 2011, date
de la dernière course célébrée dans la commune, une novillada des
héritiers de Christophe Yonnet.
Il y a dix ans encore, l'activité
taurine de Collioure était quelque chose d'intact, et que rien ne
paraissait menacer.
La veille du départ, à Portbou, de
l'autre côté de la frontière, j'avais demandé à un buraliste un
paquet de Lucky Strike. Histoire de ne plus être à la dèche en
soirée, de faire comme les copains, d'en fumer une, deux ou trois,
mais surtout, d'avoir son propre paquet ! Et puis, statistiquement et
socialement, c'est moins compliqué de faire une rencontre, surtout
quand on est timide ou réservé, car il y aura toujours une clope ou
un briquet à se faire demander, la possibilité d'en fumer une
ensemble, de partager une anecdote ou un regard. La cigarette, c'est
vraiment un lien social bizarre. Neuf ans avant d'arrêter un tel poison.
Le village de Portbou, situé à la
frontière et appartenant à la province de Gérone, est quasiment
délaissé. C'est une ancienne étape de voyageurs qui semble
appartenir à une autre époque. Il faut, par ailleurs, voir au moins
une fois cet énorme hall de gare, témoin du grand passé
ferroviaire de l'endroit. Dorénavant, beaucoup moins de trains y
passent.
Côté français, la ligne et les
paysages sont jolis, entre Cerbère, Banyuls-sur-Mer, Port-Vendres,
Collioure, Argelès-sur-Mer, en direction de Perpignan, dont la gare
était le centre du monde de Salvador Dalí.
En dix ans, bien des choses ont changé
sur le plan tauromachique et ferroviaire.
A Céret, en 2009, y'avait eu des toros
portugais très armés, encastés et sauvages de Manuel Assunção
Coimbra, une bonne surprise, puisqu'ils avaient été reconduits
l'année d'après. On avait pu admirer également la précieuse et
rare torería de Frascuelo, qui avait déjà dépassé les 60 ans,
tandis que Morenito de Aranda s'était révélé lors de cette feria.
A Mont-de-Marsan, Sergio Aguilar avait
triomphé face aux toros de Fuente Ymbro en coupant trois oreilles,
avec une grande main gauche et de belles estocades. La possibilité,
une fois encore, de caser qu'il était quand même un sacré matador.
Attention toutefois à ne pas trop
idéaliser ces années-là. Les piques étaient déjà trop en
arrière, les toros arboraient déjà les fundas au campo, les
indultos paraissaient généreux, les ferias étaient souvent basées
sur des élevages similaires (et de même origine), et les
organisateurs de corridas et de novilladas du Sud-Ouest étaient déjà
de grands susceptibles.
Mais à Collioure, on faisait encore
sortir du toril des cornus chaque 16 août. Et une arène sur le quai
d'une gare, c'est forcément quelque chose qui en jette.
Florent
(Image ancienne : vue d'ensemble de
Collioure, avec en bas à droite les arènes et la voie ferrée)
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